#Youth4WASH : cultiver la prochaine génération de leaders en matière d'eau, d'assainissement et d'hygiène

Temps de lecture : 7 minutes
The panel at WaterAid's World Water Forum session 'Cultivating the next generation of water, sanitation and hygiene leaders'. From left to right: Marieme Soda Ndiaye (Senegal's youngest MP; speaking), Temple Oraeki (Water Youth Network and RWSN member [Nigeria]), Mariame Deme (WaterAid, moderator), Fatimata Sall and Kathryn Nwajiaku.
Image: WaterAid/Dan Jones

Les jeunes seront affectés par la crise de l'eau plus que toute autre génération précédente, et sont affectés de manière disproportionnée par un mauvais accès à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène (EAH). Pourtant, ils sont souvent exclus des conversations portant sur les questions liées à l'eau, l'assainissement et l'hygiène, et leurs idées sont négligées. Découvrez comment le secteur WASH peut faire en sorte que leur voix soient entendue et leurs idées maximisées, et signez notre manifeste pour montrer votre soutien.

Lors du 9ème Forum mondial de l'eau en mars, de jeunes leaders du monde entier, réunis par WaterAid dans une session hybride, ont produit un manifeste pour forger ensemble un chemin vers un avenir plus égalitaire pour tous, avec l'eau comme priorité. Le manifeste #Youth4WASH (PDF) décrit les actions que le secteur de l'eau et de l'assainissement doit entreprendre, pour les jeunes et pour la planète, si nous voulons avoir un avenir prometteur. Pourquoi ? Parce que les conversations sur les questions de l'eau sont souvent dominées par le secteur de l'eau, les experts de l'eau et les organisations spécialisées de la société civile, excluant la voix des jeunes, dont les vies seront les plus affectées par ces questions. Le manifeste #Youth4WASH vise à changer cela.

Les jeunes peuvent changer la trajectoire des progrès en matière d'EAH

Notre session « Cultiver la prochaine génération de jeunes leaders pour l'eau, l'assainissement et l'hygiène » visait à mieux faire comprendre aux leaders de la prochaine génération, aux organisations de jeunesse et aux organisations de la société civile les liens entre l'eau et les inégalités, la santé et le changement climatique, et à créer une dynamique d'action, dans le contexte des objectifs de développement durable et de la reprise après la pandémie de COVID-19.

Notre objectif était de fournir une plateforme d'apprentissage et de partage des bonnes pratiques en matière de redevabilité, de transparence et d'engagement civique de la part de jeunes leaders de différents pays et régions. Au cours de la session « Voix des jeunes », nous avons entendu des jeunes partager leurs idées pour résoudre la crise de l'eau et ce que l'eau signifie pour eux, et nous les avons entendus réclamer un changement pour tous.


Comme l'a dit Aboubacar Lougue du Burkina Faso : « Certains diront que l'eau, c'est la vie. Pour moi, l'eau, c'est plus ça. Au-delà de la vie, l'eau est la solution. Elle est la solution pour la résilience des populations face aux grands défis climatiques, elle est la solution pour soulager les souffrances des populations, notamment des femmes, et sa sécurité garantit une meilleure vie au-delà de la vie. Pour que chacun ait accès à l'eau potable, l'accès et la sécurité doivent être une priorité dans toutes nos politiques et programmes de développement, et ce doit être également une priorité pour les bailleurs de fonds dans leurs possibilités de financement. »

La session s'est ouverte par une déclaration vidéo forte de Pedro Arrojo-Agudo, le Rapporteur spécial sur les droits Humains à l'eau potable et à l'assainissement :

 

Les jeunes panélistes et les participants ont reconnu que les jeunes sont des acteurs importants dans la résolution de la crise de l'eau. « Ce sont les jeunes qui doivent être en première ligne pour atteindre l'Objectif 6, pour assurer une couverture à 100 % en eau, assainissement et hygiène (EAH) d'ici 2030. Les jeunes ont besoin de plus d'espace pour s'exprimer et participer aux décisions », a expliqué le Dr Fatimata Sall, AYPWS (Association des Jeunes Professionnels de l'Eau et de l'Assainissement du Sénégal). 

Les discussions ont montré que les jeunes ont des solutions et des idées innovantes et évolutives qui sont souvent négligées. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, et des impacts inégaux et de plus en plus graves de la crise climatique, l'échange et la coopération intergénérationnels sont plus cruciaux que jamais. La mise en commun d'expériences précieuses et d'idées novatrices est essentielle, car elle permet de créer des solutions holistiques pour l'accès à l'eau et à l'assainissement. Mais les jeunes continuent d'être sous-représentés dans les processus de consultation et de mise en œuvre des projets WASH. 

Les jeunes sont indispensables à la résolution de la crise de l'eau

La génération actuelle sera plus touchée par la crise de l'eau que toute autre auparavant. Les jeunes du monde entier, en particulier les filles, sont touchés de manière disproportionnée par les problèmes liés à l'eau. Ils doivent notamment transporter de l'eau sur de longues distances, ce qui les prive d'éducation, et subir les effets du changement climatique sous forme d'inondations, de sécheresses et de mauvaises récoltes.

La moitié de la population mondiale âgée de moins de 30 ans se fait également de plus en plus entendre. Ils forment de plus en plus d'organisations de jeunes à la base pour s'attaquer aux problèmes locaux liés à l'eau. Les jeunes défenseurs de l'eau et de l'assainissement apportent une contribution inestimable en tant que militants, chercheurs, innovateurs et entrepreneurs dans leurs communautés.

L'eau, c'est la vie et l'assainissement, c'est la dignité.

Marieme Soda Ndiaye, députée, Sénégal

Quels sont les obstacles qui empêchent les jeunes de contribuer de manière significative à l'action WASH ?

Mais il n'a pas été facile pour les jeunes de trouver leur place dans les espaces d'influence et de décision, et le secteur de l'eau ne fait pas exception. Les filles et les jeunes femmes sont les plus exclues de la participation et du leadership, alors qu'elles sont les plus touchées par le manque de services d'eau et d'assainissement et qu'elles ont de nombreuses solutions à proposer.

Les jeunes sont confrontés à des obstacles tels que le manque d'accès au financement, le manque de soutien de la part des organisations impliquées dans le secteur de l'eau, la marginalisation par rapport aux processus de prise de décisions et de planification, l'accès limité aux opportunités d'élaboration des politiques et le manque d'accès à l'éducation.

Au cours de notre session, nous avons appris que les jeunes qui débutent dans le secteur WASH se heurtent souvent à des barrières technocratiques et de développement professionnel. Même s'ils sont parfois inclus dans des conférences ou des processus de prise de décisions, ils ne le sont que de manière superficielle, sans avoir la possibilité de contribuer de manière significative ou d'influencer les résultats. Les personnes les plus touchées par la crise de l'eau doivent pouvoir jouer un rôle plus important, par le biais de possibilités d'emploi (emplois de qualité et formateurs), d'un renforcement de l'entrepreneuriat des jeunes et de l'inclusion de ces derniers dans les postes de prise de décisions.

A view of the panellists and audience during WaterAid's session 'Cultivating the next generation of young leaders for WASH, at the World Water Forum, March 2022.
A view of the panellists and audience during WaterAid's session 'Cultivating the next generation of young leaders for WASH, at the World Water Forum, March 2022.
Image: WaterAid/Maisie-Rose Byrne

Même problème, nouvelles solutions

La session a abouti à l'élaboration d'un manifeste de la jeunesse (PDF), dans lequel les jeunes participants appellent les décideurs, les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les partenaires réunis au 9ème Forum mondial de l'eau à :

  • Écouter la voix de la jeunesse, des populations autochtones, des filles et des jeunes femmes, des communautés en développement et des autres personnes marginalisées qui sont les plus touchées par les conséquences d'un mauvais accès à l'eau, et les encourager à orienter les prises de décision.
  • Contribuer à forger une nouvelle génération de dirigeants mondiaux dotés de connaissances approfondies en renforçant les capacités des jeunes, en mettant l'accent sur le renforcement des connaissances locales et en mettant en place des plateformes d'échanges intergénérationnels.
  • Offrir aux jeunes des possibilités d'emploi de qualité et formateurs, ainsi qu'une stabilité économique pour qu'ils puissent explorer leur potentiel.
  • Assurer l'implication des jeunes dans le temps, en se concentrant sur des initiatives et des solutions concrètes pour améliorer la gouvernance du secteur WASH, et en établissant des relations plus responsables et réciproques.

Les jeunes participants ont demandé à ce que le secteur WASH bénéficie de la même mobilisation urgente et ambitieuse des ressources que celle que nous avons vue dans le monde pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et faire face au changement climatique : « Le monde a besoin d'un mouvement unifié pour l'eau », a déclaré Temple Oraeki, membre du Réseau des jeunes de l'eau et du Réseau d'approvisionnement en eau en milieu rural du Nigeria.

Nous appelons les jeunes intéressés du monde entier à signer ce manifeste, et à nous dire en utilisant le hashtag #Youth4WASH sur les médias sociaux ce que WaterAid pourrait faire pour mieux soutenir les jeunes défenseurs de l'eau et l'implication des jeunes dans le secteur de l'eau. Plus nous aurons de signatures, plus nous aurons de chances de faire entendre la voix des jeunes et leurs recommandations.

Kine Fatim Diop est la responsable régional des plaidoyers de WaterAid pour l'Afrique de l'Ouest. Suivez @kinefatimdiop sur Twitter.