Améliorer les services d'eau, d'assainissement et d'hygiène dans les lieux publics pour favoriser le développement économique
Pendant la pandémie de COVID-19, de nombreux travailleurs informels ont dû garder leurs entreprises ouvertes, malgré le manque de services et d'installations nécessaires pour maintenir l'hygiène et la sécurité. David Aidoo décrit les défis auxquels les personnes travaillant dans les lieux publics du Ghana ont été confrontées, pourquoi le soutien à ce secteur est important pour le pays et comment WaterAid Ghana s'efforce de combler les lacunes des services d'hygiène.
Une eau propre, des installations sanitaires décentes et de bons services d'hygiène sont essentiels au développement économique. Ils peuvent faciliter le développement des entreprises, notamment dans le secteur informel, qui contribue grandement à l'expansion et la croissance économiques dans de nombreux pays en développement.
En 2019, le PIB du Ghana était de 67 milliards de dollars américains, auquel le secteur informel, composé de plus de 33 professions et types d'artisans informels, a contribué à hauteur d'environ 27 %. Environ 90 % des entreprises enregistrées appartiennent au secteur informel. De nombreuses activités économiques, notamment dans ce secteur, sont exercées dans les lieux publics, les marchés locaux et les gares routières, par des agriculteurs, des commerçants, des artisans et autres.
La réponse du Ghana face à la COVID-19 sur les marchés
Malgré leur rôle critique dans l'économie et la montée en puissance de la pandémie de COVID-19, les gares et les marchés continuent de manquer d'installations durables pour le lavage des mains et d'autres équipements de protection individuelle (EPI) essentiels qui permettraient de soutenir une activité économique sûre et continue en permettant aux gens de respecter strictement les protocoles de sécurité. Les pouvoirs de construction et de gestion de ces marchés locaux relèvent de l'autorité des assemblées métropolitaines, municipales et de district (MMDA) dans le cadre de leur fonction de promotion du développement économique local.
Après que le Ghana a enregistré son premier cas de COVID-19 en mars 2020, le Gouvernement a défini cinq objectifs clés pour lutter contre la pandémie :
- Limiter et arrêter l'importation du virus
- Contenir sa propagation
- Fournir des soins adéquats aux malades
- Limiter l'impact du virus sur la vie sociale et économique
- Encourager l'expansion des moyens ghanéens et renforcer l'autonomie du pays
Cela a conduit le Gouvernement à instaurer un confinement partiel dans le Grand Accra, le Kasoa et le Grand Kumasi, où les mouvements des citoyens ont été limités à l'utilisation des services essentiels. Les lieux publics tels que les marchés locaux, les centres de santé et les gares routières sont les rares endroits qui ont continué à fonctionner.
Fermeture des marchés au Ghana
Pour s'assurer que les citoyens respectent les protocoles de sécurité de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Service de santé du Ghana, et pour leur éviter de parcourir de longues distances pour se rendre sur les marchés, les MMDA mandatés pour mettre en œuvre la stratégie de gestion de la COVID-19 dans leurs assemblées respectives ont mis en place des marchés « satellites » dans leurs villes et aux alentours.
Avant la pandémie de COVID-19, la fourniture de services d'eau, d'assainissement et d'hygiène (EAH) dans les lieux publics n'était pas une priorité, notamment sur les marchés et dans les gares routières. Pendant la pandémie, le Gouvernement a distribué des milliers de seaux « Veronica Bucket » sur les marchés satellites pour aider les gens à pratiquer l'hygiène des mains aux moments critiques. Ces mesures, parmi d'autres mesures temporaires introduites par le Gouvernement, et soutenues par diverses institutions et organisations de la société civile, ont permis de gérer et de contenir le virus. Mais elles n'ont été ni construites de manière durable, ni entretenues, ce qui a eu pour conséquence de les faire tomber en panne, laissant à nouveau les gens dans l'incapacité de suivre les protocoles d'hygiène pour lutter contre la COVID-19.
Faire de l'hygiène des mains une nouvelle norme
Dans un discours à la nation prononcé avant la pandémie, le Président Akufo-Addo a insisté sur la nécessité pour les citoyens de pratiquer en permanence l'hygiène des mains comme une nouvelle normalité. Ce comportement simple peut sauver des vies, en réduisant les diarrhées de près de la moitié et les infections respiratoires aiguës de près d'un quart.
Le lavage des mains au savon affecte non seulement la santé et la nutrition, mais aussi l'éducation, l'économie et l'équité. Pourtant, le rapport JMP 2019 de l'OMS et de l'UNICEF indique que trois milliards de personnes dans le monde n'ont pas les moyens de se laver les mains à la maison, et qu'au Ghana 59 % des personnes ne sont pas en mesure de se laver les mains à chaque moment critique (PDF).
Lorsque la pandémie a éclaté, il est devenu évident qu'au-delà de cette valeur quotidienne, le lavage des mains au savon était l'un des moyens les plus efficaces et les moins coûteux de prévention contre la COVID-19, comme le rapporte le Partenariat mondial pour le lavage des mains. Le lavage des mains est devenu une priorité sanitaire. Pourtant, la question ayant été abordée de manière inégale, des efforts supplémentaires étaient nécessaires.
Combler les lacunes des services d'EAH dans les espaces publics du Ghana
WaterAid Ghana, en soutien aux initiatives gouvernementales de lutte contre la propagation de la COVID-19, a lancé un projet en partenariat avec la Fondation Mastercard pour promouvoir les cinq comportements d'hygiène fondamentaux de l'OMS, en particulier l'hygiène des mains, sur 15 marchés. Intitulé Sécurité des marchés et prévention de la stigmatisation des survivants de la COVID-19 : une Campagne intégrée de changement des comportements en matière d'hygiène a été mise en œuvre dans trois régions.
Dans le cadre de la mise en œuvre, nous avons réalisé une enquête pour comprendre les différentes lacunes, notamment en matière d'EAH, qui empêchent les opérateurs économiques du marché (commerçants, chauffeurs, porteurs, conducteurs de bus) et les clients de pratiquer l'hygiène des mains à tout moment critique.
Les résultats suggèrent que le Gouvernement, par le biais des MMDA, a fait un bon travail de promotion de l'hygiène des mains sur les marchés locaux du pays pendant la pandémie. Cela comprenait la distribution de seaux « Veronica Bucket », l'identification de personnes chargées de remplir les seaux avec de l'eau et la fourniture de savon sur les marchés. Ils ont montré que les MMDA ont également fait la promotion de la nécessité de se laver les mains à tous les moments critiques, entre autres protocoles, en diffusant des systèmes d'information dans les lieux publics tels que les marchés et les gares routières.
L'enquête a également identifié des lacunes dans le statut de l'EAH de nos marchés qui ont un impact sur la pratique du lavage des mains. Les responsables politiques et les décideurs à tous les niveaux doivent en faire une priorité afin de contribuer à rendre les lieux publics, en particulier les marchés et les gares routières, sûrs pour les opérateurs commerciaux et les clients. Ceci est essentiel maintenant que le Gouvernement assouplit les restrictions.
De nombreux marchés locaux ont plusieurs points d'entrée, ce qui nécessite de placer des installations de lavage des mains à tous les points pour que les opérateurs économiques du marché et les clients puissent y accéder facilement et se laver les mains. Et si les seaux « Veronica Bucket » ont été une solution d'urgence cruciale, ils ne sont ni durables ni efficaces à long terme, car ils dépendent des opérateurs économiques du marché pour les vérifier et les remplir, souvent en parcourant de longues distances jusqu'à une source d'eau. Ainsi, dans plusieurs cas, des personnes désireuses de se laver les mains n'ont pas pu le faire.
De plus, les seaux fournis ne sont pas adaptés aux personnes handicapées, ce qui va à l'encontre de la Constitution, et plus particulièrement de la Loi sur les personnes handicapées (Loi 715 de 2006). Il est donc impossible pour les gens de suivre l'appel du Président à pratiquer continuellement l'hygiène des mains à tout moment critique, en particulier dans les lieux publics comme les marchés et les gares routières.
Renforcer le secteur informel avec des services d'EAH sûrs
La sécurisation de nos marchés par la mise à disposition d'installations EAH adéquates contribuerait de manière substantielle au renforcement et à l'amélioration du secteur informel, qui contribue de manière significative à l'économie en termes de productivité et d'opportunités d'emploi pour la main-d'œuvre ghanéenne. Des études ont montré que le fait de se laver les mains à tout moment critique est l'un des meilleurs moyens de prévenir la propagation d'infections courantes et potentiellement mortelles, dont la COVID-19. Si les opérateurs de marchés pouvaient avoir accès à des installations durables de lavage des mains et mettre en pratique d'autres protocoles recommandés par l'OMS, ils auraient plus de chances de rester en bonne santé, ce qui leur permettrait de continuer à fonctionner efficacement et de soutenir l'économie.
Il est donc impératif que le Gouvernement, par l'intermédiaire des MMDA, s'attaque d'urgence aux insuffisances et aux lacunes en matière d'EAH dans les lieux publics en fournissant des installations permanentes et durables pour le lavage des mains, en fournissant ou en réhabilitant les systèmes d'eau et en intensifiant les campagnes d'hygiène. Cela contribuerait grandement à rendre nos marchés et nos gares routières sûrs, et à soutenir notre précieux secteur informel, pendant la pandémie et au-delà.
David Aidoo est le responsable des subventions de WaterAid pour le Ghana et couvre actuellement le financement du programme et du portefeuille des partenariats du Programme pays. Une version de ce blog a d'abord été publiée dans la presse et sur le Business & Financial Times en ligne.
Image du haut : Des femmes empilent des ignames et transportent des produits au marché de Bimbila dans l'Assemblée municipale de Nanumba Nord, au Ghana.