Blog du journal intime : WaterAid au forum politique de haut niveau

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WaterAid at HLPF
Image: WaterAid

Les gouvernements ne font pas assez pour atteindre les objectifs de développement durable qu’ils ont promis en 2015. C’est pourquoi WaterAid sera présente au Forum politique de haut niveau du 9 au 18 juillet 2018, pour défendre l’importance de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène afin de mettre fin à la pauvreté dans le monde. Les membres de WaterAid et les rédacteurs invités externes mettront régulièrement à jour ce blog avec les dernières nouvelles de New York.

Jeudi 19 juillet : Katie Tobin, coordinatrice du plaidoyer chez WaterAid

Le FPHN 2018 s'est terminé par un vote sans précédent contre la déclaration ministérielle et un plaidoyer collectif de la société civile.

Vers 18 h 30, le mercredi 18 juillet, la session 2018 du Forum politique de haut niveau des Nations unies sur le développement durable s'est achevée, après une session de clôture dans une salle de conférence comble qui a vu, pour la première fois dans l'histoire du FPHN, une adoption non-unanime du document final.

Parfois, les gouvernements s'opposent à un élément de la déclaration et expriment ce désaccord en demandant un vote sur un paragraphe particulier, ce que plusieurs gouvernements ont fait concernant les textes sur l'occupation étrangère, le genre, la coopération internationale et le système commercial multilatéral. Cette année, les États-Unis ont poussé cette approche un peu plus loin, en demandant un vote sur l'ensemble de la déclaration et en votant contre, rejoints par Israël. Heureusement, les 191 autres des 193 États membres de l'ONU se sont engagés à nouveau à réaliser l'Agenda 2030 et ses 17 objectifs de développement durable et ont fait en sorte que la déclaration soit adoptée.

Les «  grands groupes et autres parties prenantes », le collectif de la société civile et d'autres groupes s'engageant activement dans les processus de développement durable de l'ONU, avaient déjà publié une déclaration collaborative exprimant notre déception face à l'ambition insuffisante des gouvernements à se mettre d'accord sur un document réalisable ou encourageant. Malgré une semaine de discussions thématiques sur les questions de développement urgentes, notamment l'eau, l'assainissement et l'hygiène (ODD 6), l'énergie durable (ODD 7) et le financement (ODD 17), l'urgence des discussions ne s'est pas traduite par des engagements concrets pour mettre en œuvre les ODD.

Cela n'a fait que nous encourager, en tant que WaterAid et en tant que membre de la société civile au sens large, à continuer à nous engager et à faire pression pour une ambition accrue en 2019 et lorsque les gouvernements examineront les modalités du FPHN pour 2020 et au-delà. Ce que nous avons appris et vu au FPHN renforce notre engagement à œuvrer en faveur de l'accès à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène pour tous et de la réalisation des droits de l'homme, afin de faire progresser de manière significative l'Agenda 2030 et de garantir la redevabilité de tous les États vis-à-vis de leurs engagements.

 

Mardi 17 juillet : Ruth Romer, conseillère du secteur privé chez WaterAid

L'engagement du secteur privé s'est accéléré au cours de la deuxième semaine du FPHN 2018, avec une représentation plus importante des secteurs commercial et industriel, qui ont démontré leur engagement et leur intention d'atteindre l'ODD 6 (eau et assainissement pour tous). 

Lundi, Diageo et WaterAid ont organisé une réception très suivie pour débattre du rôle du secteur privé dans la réalisation des ODD. La réception a fourni un cadre propice et informel pour des discussions constructives couvrant les sujets suivants : les avantages pour le secteur privé, les attentes des parties prenantes, le rôle du gouvernement et l'impératif moral des entreprises concernant les droits de l'homme d'accès à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène.

Ce matin, WASH4Work a organisé un petit-déjeuner d'information, co-animé par la Direction du développement et de la coopération (DDC) et le Pacte mondial des Nations unies sur le thème du renforcement des arguments économiques en faveur du programme WASH. L'événement a été l'occasion de mieux faire connaître les services WASH sur le lieu de travail et l'initiative WASH4Work en général. Le WBCSD a lancé son rapport sur l'impact de l'initiative WASH Pledge et WaterAid et ses partenaires ont procédé au lancement du guide « Renforcer les arguments économiques en faveur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène : comment mesurer la valeur de votre entreprise ». Le nouveau guide de WaterAid a été accueilli avec intérêt et enthousiasme par les entreprises, qui ont estimé qu'il pouvait réellement contribuer à renforcer les arguments économiques en faveur de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène.

La journée du forum des entreprises sur les ODD, qui s'est déroulée tout au long de la journée, a rassemblé plus de 600 participants pour discuter de la manière dont une plus grande action des entreprises et des partenariats efficaces pourraient aider à atteindre les ODD. Bien que le thème de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène ait été mentionné, il ne figurait pas en bonne place dans l'ordre du jour jusqu'à l'intervention plénière de Tim Wainwright (PDG de WaterAid UK), qui a souligné l'importance de l'accès aux services WASH pour la réalisation de nombreux autres ODD. 

Tim plenary intervention HLPF 2018

Les personnes présentes reconnaissent que les entreprises durables seront plus compétitives que celles qui ne le sont pas. Cependant, si nous voulons susciter davantage d'engagement de la part du secteur privé, il faut présenter les bons avantages pour une action des entreprises, associés aux bonnes politiques et à un environnement favorable.

 

Dimanche 15 juillet : Savio Carvalho, directeur des campagnes mondiales chez WaterAid (version abrégée)

Malgré les nombreuses réunions et discussions de cette semaine, la question intimidante reste : quand les gouvernements agiront-ils avec un sentiment d'urgence pour garantir à 844 millions de personnes (une personne sur neuf) l'accès à l'eau potable près de leur domicile ? Les projections actuelles montrent que 80 pays n'auront pas d'accès universel à l'eau potable d'ici 2030.

Cette semaine, nous avons tous suivi en retenant notre souffle le sauvetage de la grotte de ces garçons thaïlandais, en souhaitant leur survie comme si nous les connaissions. Les 800 enfants qui meurent chaque jour à cause du manque d'eau et d'assainissement sont eux toujours absents des gros titres. Où est notre sentiment d'indignation face au fait que 2,3 milliards de personnes (un chiffre stupéfiant d'une personne sur trois dans le monde) n'ont pas accès à des toilettes décentes qui protègent leur famille et leur communauté contre les maladies ? Où est le sentiment de crise, de prise de conscience collective que la situation actuelle est totalement inacceptable ?

Ce que je ne comprends pas, c'est que résoudre ce problème ne me semble pas sorcier. C'est une question de bon sens économique, car un dollar investi dans l'eau et les toilettes rapporte en moyenne quatre dollars d'augmentation de la productivité. Et quel gouvernement ne voudrait pas que son pays se porte bien économiquement ?

La semaine prochaine, 43 pays présenteront leurs propres examens nationaux volontaires montrant si les progrès sont sur la bonne voie pour atteindre les ODD. Les ministres des gouvernements arriveront en avion et les discussions se termineront par une déclaration ministérielle. Des réunions de haut niveau auront lieu tout au long de la semaine entre les gouvernements, les bailleurs de fonds, les institutions financières et le secteur privé.

Notre appel est fort et clair : l'eau, l'assainissement et l'hygiène nécessitent une attention, une volonté politique et un financement urgents. Voici les mots de Nelson Mandela :

« Certaines générations sont appelées à être grandes. C’est peut-être le cas de la vôtre. Laissez donc s’épanouir votre grandeur. »

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Vendredi 13 juillet : Kiana Alavi, End Water Poverty

Cette semaine au FPHN, la coalition End Water Poverty et ses partenaires ont lancé notre rapport sur les mécanismes de redevabilité nationale pour l'ODD 6. Notre équipe a commencé à travailler sur ce rapport il y a plus d'un an, donc voir tous nos efforts présentés dans 179 pages de recherches et de recommandations était un jalon important, même si ce n'est que le début si nous souhaitons nous assurer que les parties prenantes peuvent effectivement tenir le gouvernement responsable des engagements pris en 2015.

Lors de notre événement de mercredi à la Mission permanente du Sri Lanka auprès des Nations unies, la présidente exécutive d'Assainissement et eau pour tous, Catarina Albuquerque, était notre facilitatrice et nous étions ravis d'avoir des hauts fonctionnaires, des organisations de la société civile (OSC) et des membres du personnel des Nations unies comme intervenants. Les conclusions du rapport mondial ont été partagées et les intervenants ont présenté les progrès et les mécanismes de redevabilité de leur pays. Cette présentation a été suivie d'une discussion sur les pistes d'évolution pour les principales parties prenantes, notamment les gouvernements, les OSC, les partenaires de développement et les agences des Nations unies.

À la fin de l'événement, j'étais ravi de constater le haut niveau d'engagement des participants, qui ont apporté leurs connaissances, leur expertise et leurs conseils. J'ai assisté à de nombreux événements au FPHN cette semaine et le mot « redevabilité » a été mentionné d'innombrables fois, mais ce n'est pas un sujet que beaucoup ont approfondi. Alors que le monde a connaissance des ODD depuis trois ans, nous ne devons pas nous contenter de paroles en l'air sur la « redevabilité »… nous devons agir concrètement. Notre événement n'est que le début d'une discussion approfondie et essentielle que nous devons avoir pour atteindre l'objectif 6.

 

Jeudi 12 juillet : International Women's Health Coalition

Aujourd'hui, nous (IWHC) avons co-animé un événement parallèle au Forum politique de haut niveau avec WaterAid, le gouvernement du Népal et l'Union européenne : une approche basée sur les droits de l'homme pour la gestion de l'hygiène menstruelle, intégrer l'eau, l'assainissement, la santé et l'égalité des genres pour atteindre les objectifs de développement durable (tout un programme !). 

Malgré le fait que plus de 800 millions de femmes et de filles ont leurs règles chaque jour, le sujet des menstruations reste entouré de silence et de tabous. Les femmes et les filles manquent de services et d'informations dédiés et intégrés pour avoir leurs règles dans la dignité, ce qui est entravé non seulement par le manque d'infrastructures, notamment le fait qu'une femme sur trois vit sans toilettes décentes, mais aussi par des problèmes plus profonds de normes, mythes et stigmatisation liés au genre.

Lisa Schechtman de WaterAid a expliqué qu'en Inde, 70 % des filles ne savaient pas ce qui se passait lorsqu'elles entamaient leur premier cycle menstruel. Ce manque d'informations perpétue la stigmatisation et conduit à la violence contre les femmes, car les saignements sont souvent considérés comme un signe d'activité sexuelle, un tabou pour les filles et les femmes non mariées.

Les intervenants ont conclu que nous ne pourrons donner aux filles les moyens de prendre le contrôle de leur corps et, finalement, de leur vie, qu'en passant par une approche holistique et multisectorielle (impliquant les hommes et les femmes !), intégrant des perspectives d'égalité des genres, d'éducation, de droits de l'homme et de pérennité.

 

Mercredi 11 juillet (édition spéciale !) : Megan Wilson-Jones et Maisie-Rose Byrne

Au cours des deux derniers jours, l'équipe s'est exprimée lors de divers événements afin de souligner que l'accès à l'eau et à l'assainissement peut être un facteur déterminant dans la réalisation des ODD.

Mardi, nous avons organisé un événement parallèle sur la réduction des inégalités par une action urgente sur l'ODD 6. Savio Carvalho, directeur des campagnes mondiales, a ouvert l'événement en expliquant que l'action dans le domaine de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène doit être considérée comme un moteur de la lutte contre les inégalités.

Savio at HLPF2018

Veronica Cordova Soria, principale représentante permanente adjointe de la Bolivie auprès des Nations unies, a appuyé le discours de Savio en partageant des chiffres éloquents : depuis que le gouvernement bolivien a augmenté de 86 % ses investissements dans le secteur de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène en 2005, l'écart national entre les populations riches et les populations pauvres a diminué de deux tiers.

Un autre moment fort a été le discours de notre collègue Florencio Marerua, directeur national de WaterAid Mozambique, qui a expliqué avec passion comment les femmes, bien qu'étant « les piliers de l'économie », sont affectées de manière disproportionnée par le manque d'eau et d'assainissement. D'autres intervenants se sont fait l'écho de ses appels aux gouvernements pour qu'ils prennent davantage de mesures en faveur de la gestion de l'hygiène menstruelle, un sujet que nous aborderons tout au long de cette semaine.

Mardi soir, nous avons organisé un autre événement, cette fois sur la façon de coordonner et d'intégrer la santé et la nutrition à l'eau et l'assainissement. Nous étions fiers de faire équipe avec un si large éventail de partenaires, dont Action contre la Faim et le partenariat Assainissement et eau pour tous, ainsi que les gouvernements de France, de Madagascar, du Mali et de Zambie.

La Banque mondiale et l'OMS ont présenté de nouvelles données identifiant les communautés les plus confrontées au lourd fardeau d'une mauvaise santé et d'une mauvaise nutrition, et qui ont le plus à gagner d'investissements ciblés dans le secteur WASH. Il est apparu clairement que pour agir, une meilleure collaboration, un meilleur ciblage et un effort accru seront nécessaires afin de combler l'écart entre les politiques et la mise en œuvre. 

Nous étions ravis que la directrice nationale de Colombie, Manuela Pinilla, nous rejoigne plus tôt dans la journée. Elle a fait un travail fantastique en tant qu'intervenante lors de l'événement inspirant Women Deliver sur la façon dont les différents secteurs peuvent contribuer à l'égalité des genres.

Women Deliver event HLPF 2018

Manuela a souligné l'importance de l'intégration de l'hygiène, notamment l'élimination de la stigmatisation autour des menstruations, pour l'éducation et la santé, non seulement en Colombie, mais dans le monde entier. Tous les membres de la délégation de WaterAid présents se sont sentis très inspirés par l'événement, mais une question nous taraudait… Où étaient tous les hommes ?!

Une sortie pour rencontrer nos collègues de WaterAid America pour le dîner ce soir nous a donné un temps de repos bien nécessaire et l'occasion de vérifier ce que chacun pensait du déroulement du FPHN. Bien que nous soyons préoccupés par le manque d'attention portée à l'assainissement, le manque évident d'agence gouvernementale pour aborder l'ODD 6 et l'absence de mécanismes de redevabilité cohérents, l'équipe est impatiente de découvrir le reste de la conférence et prête à montrer aux gouvernements que nous ne leur permettrons plus de manquer leurs promesses.

 

Mardi 10 juillet : siège de WaterAid

Un bref message avant de laisser la parole à l'analyste des politiques sur la santé et l'hygiène, Megan Wilson-Jones :

Nous sommes ravis d'avoir travaillé avec l'artiste mexicaine de renom Victoria Villasana, ainsi qu'avec la Fondation H&M, Water.org et le gouvernement suédois, pour produire « The Water Effect » (L'effet de l'eau), une exposition incroyable qui présente des personnes dont la vie a été transformée par l'accès à l'eau potable et à un assainissement décent. 

Si vous n'êtes pas au FPHN cette semaine, ne vous inquiétez pas ! Vous pouvez visiter l'exposition virtuellement…

 

Lundi 9 juillet : Cecilia Chatterjee-Martinsen, directrice générale de WaterAid Suède (Retrouvez-la sur Twitter : @c_martinsen).

Je viens de rentrer du premier jour du FPHN, et il ne fait aucun doute pour moi que le message principal de la semaine à venir sera le suivant : le temps presse pour donner du sens aux objectifs de développement durable. Les gouvernements doivent comprendre qu'ils mettent des millions de vies en danger s'ils ne consacrent pas davantage de ressources financières et d'attention aux objectifs, et c'est à nous de faire pression sur eux.  

Sans surprise, l'objectif principal de WaterAid aujourd'hui était l'examen officiel de l'ODD 6 (eau et assainissement pour tous). Mon collègue Florencio Marerua, directeur national de WaterAid Mozambique, s'est adressé au forum avec un compte rendu puissant des risques sanitaires posés par le manque d'eau potable et d'assainissement.

Florencio at the HLPF

Il a expliqué qu'au Mozambique, la grossesse n'est pas nécessairement célébrée et qu'elle s'accompagne souvent de craintes et de risques, car « de nombreuses femmes doivent encore accoucher dans des établissements de santé sans accès aux services essentiels tels que l'eau potable ». Florencio a déclaré par la suite que, même s'il était éprouvant pour lui de prendre la parole devant un public aussi nombreux, il était fier de souligner l'importance des services WASH dans les soins de santé sur la scène internationale.

J'ai déjà assisté à des conférences et à des forums dominés par de longues déclarations et dépourvus d'un aspect « humain ». C'est pourquoi je suis ravi que nous nous soyons associés à la Fondation H&M, à Water.org, au gouvernement suédois et à certains de nos autres partenaires pour lancer l'exposition « The Water Effect » (L'effet de l'eau). Il s'agit d'un incroyable ensemble de photos prises par l'artiste mexicaine de renom Victoria Villasana, qui remet l'accent sur les personnes dont la vie est transformée par l'accès à l'eau potable, à des toilettes décentes et à une bonne hygiène. L'exposition sera visible tout au long du FPHN, alors si vous êtes à New York, essayez de la voir !