COP21 : les bonnes et les mauvaises nouvelles

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Image: WaterAid/Andrew McConnell

La COP21 est terminée et le monde s'est enfin fixé un objectif ambitieux pour limiter le changement climatique. Miriam Denis Le Seve, responsable de la politique de WaterAid en matière de changement climatique, présente les forces et les faiblesses de l'accord mondial qui a été conclu.

Enfin, un accord. Après quatre ans de négociations, près de 200 pays ont officiellement accepté ce week-end un accord international visant à limiter le changement climatique. Décrit comme « le plus grand succès diplomatique du monde », « une avancée majeure pour l'humanité » et « une victoire pour la planète », cet accord a été salué par les dirigeants mondiaux comme un tournant dans la lutte contre le changement climatique. D'autres voix, en revanche, l'ont qualifié de « fraude » et de « désastre ». 

Pour les pays en développement, comme les 27 pays où travaille WaterAid, l'accord contient à la fois de « bonnes » et de « moins bonnes » nouvelles. Voir l'image ci-dessus où les villageois d'Imbina, au Burkina Faso, luttent pour trouver un endroit où un puits creusé à la main pourrait donner de l'eau, devant souvent creuser jusqu'à quatre mètres de profondeur.

Les bonnes nouvelles

L'accord de Paris va plus loin que les accords similaires précédents. Pour la première fois, il inclut une référence à la limitation du réchauffement à 1,5 °C (un plaidoyer clé de WaterAid) qui, bien qu'ambitieux, est une ligne de défense bien plus sûre que 2 °C contre les pires impacts d'un climat changeant.

L'accord inclut également les pertes et dommages, qui font référence aux impacts du changement climatique que nous ne pouvons pas prévenir par l'atténuation et l'adaptation. Cette inclusion est un premier pas vers la justice climatique pour les pays en développement et les petits États insulaires en développement, qui figurent parmi les nations les plus vulnérables aux impacts du changement climatique.

Nous avons également constaté des avancées dans des domaines tels que l'adaptation. Le protocole de Kyoto de 1992 était autrefois décrit comme un accord d'« atténuation », mais l'adaptation est également désormais considérée comme un pilier central nécessaire pour aider les pays les plus pauvres et les plus vulnérables à s'adapter au changement climatique. L'accord fixe un objectif visant à renforcer de manière significative l'adaptation au changement climatique par un soutien et une coopération internationale. Il précise que tous les pays devront soumettre leurs priorités, besoins et plans d'adaptation, qui bénéficieront ainsi d'un soutien continu des fonds internationaux pour le climat. L'établissement de cet objectif nous incite à accélérer l'action sur le rôle de l'EAH dans le renforcement de l'adaptation et de la résilience au changement climatique.

Le financement de l'adaptation a pris du retard par rapport à celui de l'atténuation. Toutefois, lors de la COP21, les pays ont semblé converger vers la nécessité d'améliorer l'équilibre financier entre les deux. Le texte prévoit d'augmenter de manière significative le financement de l'adaptation d'ici 2020.

En fait, les engagements en faveur du climat continuent de croître. Les pays en développement ont récemment promis 248 millions de dollars au Fonds pour les Pays les moins avancés, et la semaine dernière, les nouvelles promesses de dons au Fonds d'adaptation ont atteint 75 millions de dollars. Le 9 décembre, les États-Unis ont annoncé leur intention de consacrer 800 millions de dollars par an au financement des efforts d'adaptation au changement climatique dans les pays en développement, contre 400 millions de dollars par an en 2014.

Outre l'augmentation des fonds, l'accord reconnaît que les pays en développement ont besoin de soutien pour dépenser l'argent des fonds climatiques de manière efficace et ce dans quoi il est le plus nécessaire. Les pays développés ont été invités à fournir un soutien financier et technologique pour le renforcement des capacités dans les pays en développement. Ceci est crucial pour le secteur WASH, où la résilience au changement climatique dépend d'un leadership efficace du gouvernement, aux niveaux national, régional et local, et de la mise en place d'institutions solides et efficaces. 

Parallèlement à ces points, à partir de 2023, des « bilans mondiaux » seront dressés tous les cinq ans afin de prendre des mesures dans les domaines qui ne sont pas ou peu couverts, notamment l'adaptation, le financement et le soutien aux pays en développement. De nouvelles réductions des émissions sont également promises.

Les moins bonnes nouvelles

L'accord sur le climat est loin d'être parfait, et la mesure dans laquelle il accorde aux pays les plus pauvres l'attention dont ils ont besoin est contestée.

Tout d'abord, l'accord n'est pas juridiquement contraignant dans son intégralité, de sorte que les futurs gouvernements des pays signataires pourraient rompre leurs engagements. Les objectifs d'émissions fixés par les nations dans le cadre de leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN) ne seront pas juridiquement contraignants. Les CDN constituent la base de l'accord de Paris, mais, si elles étaient mises en œuvre, elles ne limiteraient actuellement la hausse de la température mondiale qu'à 2,7 °C, ce qui aurait des conséquences dévastatrices pour les pays en développement.

En outre, comme il n'existe toujours pas de disposition juridiquement contraignante obligeant les pays développés à s'engager à verser des fonds d'adaptation, ces promesses pourraient rester des promesses et ne pas se transformer en actions. L'obligation pour ces fonds d'être « nouveaux et additionnels » par rapport à l'Aide publique au développement (APD) existante manque toujours de clarté.

Les solutions et les engagements pour atteindre les objectifs sont également vagues. Par exemple, il a été demandé aux pays développés de fournir une « feuille de route concrète » pour atteindre l'objectif de 100 milliards de dollars américains pour le financement du climat, mais le calendrier de cet objectif n'est pas précisé.

Fondamentalement, l'eau ne figure pas dans l'accord, malgré le fait que le changement climatique se manifeste à travers l'eau (par des sécheresses, des inondations, des chocs météorologiques extrêmes et la montée des eaux) et que le principe d'EAH pérenne est essentiel pour renforcer la résilience aux impacts du changement climatique. En outre, aucune approche commune n'a été adoptée pour intégrer l'eau dans la planification stratégique de l'adaptation au changement climatique. WaterAid s'engagera donc dans ces plans pour s'assurer que l'eau, l'assainissement et l'hygiène sont prioritaires en tant que mécanisme d'adaptation vital. 

Le signe d'un début, pas d'une fin

L'accord est un grand pas en avant vers une réponse mondiale cohésive et collective pour lutter contre le changement climatique, mais il a des limites. La COP21 est terminée, mais la lutte contre le changement climatique et pour la justice climatique pour les nations en développement a maintenant commencé. Nous devons tous demander à nos gouvernements de rendre des comptes sur les engagements qu'ils ont pris, et veiller à ce que les plus pauvres et les plus vulnérables soient prioritaires et que le financement de l'adaptation aille là où il est le plus nécessaire.

Enfin, il faut continuer à faire le lien entre le changement climatique et l'eau, l'assainissement et l'hygiène, car, pour faire simple, le changement climatique correspond à un changement de l'eau.