Débloquer la situation : comment le secteur de l'assainissement peut-il atteindre tout le monde d'ici 2030 ?
Andrés Hueso, analyste principal des politiques de WaterAid - Assainissement, réfléchit aux changements nécessaires dans le secteur de l'assainissement pour atteindre l'ambition des objectifs de développement durable d'un accès universel d'ici 2030.
L'ambition
Début août, les négociateurs gouvernementaux réunis à l'ONU se sont mis d'accord sur « Le Programme de développement durable à l'horizon 2030 ». Ils ont placé l'accès universel à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène au cœur des nouveaux Objectifs de développement durable (ODD).
Cet accord, une fois approuvé par les chefs d'État et les gouvernements des Nations unies en septembre, apportera une nouvelle énergie à la lutte contre l'extrême pauvreté, y compris la crise mondiale de l'assainissement.
L'objectif relatif à l'assainissement est l'un des plus mal engagés parmi les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui s'achèvent cette année. Les progrès ont été lents : une personne sur trois ne dispose toujours pas d'un système d'assainissement amélioré. Cela représente environ 2 365 004 300 personnes. Les populations les plus pauvres ont été laissées pour compte, la durabilité suscite de plus en plus d'inquiétudes et l'augmentation rapide de l'urbanisation promet de créer une véritable tempête (de boues).
Le statu quo n'est pas une option : il faut un changement radical au niveau mondial pour que tout le monde ait accès à l'assainissement d'ici 2030. Mais à quoi ressemble ce « changement radical » ? Que faut-il changer dans le secteur de l'assainissement ?
WaterAid a consulté 18 experts internationaux de l'assainissement sur ces questions urgentes, identifiant les blocages qui ont entravé les progrès et les priorités pour l'avenir, et voici ce qu'ils avaient à dire.
Traiter les blocages
Un blocage majeur au cours de la période des OMD a été la perception de l'assainissement comme une question privée et un sujet tabou, ce qui a conduit à une faible priorisation politique. Après tout, la plupart des politiciens préfèrent éviter d'être associés aux toilettes. Cela s'est traduit par un financement insuffisant, un manque de capacités et des dispositifs institutionnels faibles.
Les programmes d'assainissement ont souvent été mis en œuvre par des ONG indépendamment des systèmes gouvernementaux, ce qui a souvent entraîné des problèmes d'entretien à long terme.
De nombreux programmes se sont concentrés sur les infrastructures, négligeant la promotion du changement des comportements ou l'abordant avec des approches générales. L'habitude de la défécation en plein air n'a donc pas été suffisamment remise en question et de nombreuses nouvelles toilettes sont restées inutilisées.
Enfin, les programmes existants n'ont pas non plus réussi à atteindre les personnes les plus pauvres et les services d'assainissement urbain sont restés totalement « hors du radar ».
Projection
Toutefois, la priorité accordée à l'assainissement au niveau mondial a récemment augmenté de façon spectaculaire, ce qui pourrait résoudre les problèmes rencontrés jusqu'à présent.
Pourtant, plusieurs lacunes dans les connaissances doivent être comblées. Les « inconnues » soulignées par les experts consultés concernent l'assainissement urbain, le changement des comportements, le travail à l'échelle, le travail intersectoriel et l'accès aux populations les plus pauvres. Mais les acteurs du secteur de l'assainissement doivent également adopter un état d'esprit plus ouvert, plus inclusif et plus axé sur l'apprentissage, et être plus collaboratifs.
Sur la voie de l'accès universel, les experts ont identifié trois grandes priorités : l'assainissement urbain, la garantie d'un leadership gouvernemental et d'une harmonisation sectorielle, et la mise en place de mécanismes de suivi appropriés dans le cadre des ODD.
Les résultats détaillés de la consultation des experts sont disponibles dans un résumé de recherche de huit pages, et seront présentés à la Semaine mondiale de l'eau de Stockholm à la fin du mois, lors d'une session intitulée «Transformer le secteur de l'assainissement pour atteindre l'accès universel d'ici 2030 ».
Organisée par WaterAid et le Global Water Practice de la Banque mondiale, la session vise à impliquer les professionnels et les chercheurs dans cette discussion. Elle comprendra une table ronde avec des experts de l'assainissement de l'UNICEF et de la Fondation Gates, ainsi que le rapporteur spécial sur le droit humain à l'eau potable et à l'assainissement. Si vous participez à la Semaine de l'eau de Stockholm, j'espère que vous pourrez vous joindre à nous mercredi et contribuer à la discussion. Sinon, gardez un œil sur le site Web de la Semaine mondiale de l'eau pour obtenir des nouvelles après l'événement.
Retrouvez Andrés Hueso sur Twitter : @andreshuesoWA