Promouvoir des solutions WASH innovantes au Ghana

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Image: WaterAid/Nyani Quarmyne

Près de 85 % des Ghanéens n'ont pas accès à des toilettes de base, mais un projet innovant initié par WaterAid Ghana apporte une lueur d'espoir.

Yvonne Kafui Nyaku, responsable de la communication et des campagnes chez WaterAid Ghana, se penche sur la façon dont une intervention WASH pourrait résoudre les problèmes d'eau, d'assainissement et d'hygiène tout en fournissant de l'énergie à un internat ghanéen.

Il est 4 heures du matin, à l'aube, à la Salaga Senior High School dans le district d'East Gonja, au Ghana. Le campus est calme. Le cliquetis habituel des seaux métalliques et le bruit sourd des jerricans ont disparu. Les élèves, qui doivent normalement se réveiller dès 1 heure du matin, dorment encore.

Les élèves avaient l'habitude de se réveiller assez tôt pour faire une marche de 4 km avant l'école jusqu'au barrage de Kpembe pour aller chercher de l'eau afin de se préparer pour la journée. Ils devaient également se lever assez tôt pour faire leurs besoins dans la brousse avant le lever du jour. Bien sûr, ce n'était pas « cool » d'être vu en train de déféquer ouvertement. Se réveiller à 5 ou 6 heures du matin était considéré comme un luxe, car le prix à payer pour cela était élevé : on était en retard pour les cours.

Les étudiants racontent la corvée de se lever tôt pour chercher de l'eau. Outre le barrage de Kpembe, ils allaient chercher de l'eau à Agape, une école voisine, où ils pouvaient récupérer un jerrican plein d'eau pour 20 pesewas. Parfois, ils mendiaient de l'eau auprès des maisons voisines.

Le barrage de Kpembe était un dernier recours en raison de la distance, mais, lorsque les files d'attente étaient longues ailleurs, ou lorsque les autres sources étaient taries ou tombaient en panne, ils n'avaient pas d'autre choix que de faire le trajet.

Mais ces expériences fastidieuses et indésirables ont pris fin avec le soutien d'un projet initié par WaterAid Ghana et sponsorisé par HSBC Malte par le biais du programme HSBC Water.

Améliorer l'accès aux services EAH, mais pas que

Le projet pilote, baptisé Total WASH, a été conçu pour promouvoir l'assainissement écologique et une approche de la gestion de l'assainissement fondée sur la transition des ressources.

Total WASH est une solution intégrée dans laquelle les installations, en plus d'améliorer l'accès à WASH, contribueront à répondre aux besoins énergétiques de la cuisine de l'école. À terme, le programme produira de l'énergie pour l'école grâce à un réacteur à biogaz relié à l'installation sanitaire, qui transforme les matières fécales en gaz. Le réacteur à biogaz produira également de l'engrais comme sous-produit : une fois qu'une quantité suffisante de déchets se sera accumulée, l'école pourra ensuite l'utiliser dans ses terres agricoles.

Grâce au projet, le lycée de Salaga dispose d'un système d'eau mécanisé alimenté par l'énergie solaire et de trois blocs de huit toilettes, avec des installations sanitaires séparées pour les garçons et les filles. Il dispose également de deux collecteurs d'eau de pluie de 30m3.

Plus de 2 145 élèves et enseignants ont désormais un meilleur accès à l'eau potable et à de bonnes installations sanitaires. L'introduction de l'usine de biogaz sera la cerise sur le gâteau.

Agir sur une question négligée

Cette intervention sur plusieurs fronts est la première de ce type dans la région nord du Ghana. De nombreuses écoles dans les communautés rurales et urbaines pauvres du Ghana ne disposent pas d'un accès adéquat à un système EAH.

Dans les écoles sans toilettes, les enfants doivent aller dans la brousse pour déféquer. Lorsque les écoles ont des toilettes, elles ne sont pas séparées pour les garçons et les filles, ce qui est problématique pour les filles pendant leurs menstruations.

Le gouvernement ghanéen a donné priorité à l'amélioration de l'accès à l'eau et continue d'insister sur ce point : plus de 80 % de la population ghanéenne a désormais accès à l'eau. Des inégalités subsistent car certaines communautés passent parfois des jours sans eau courante et doivent utiliser de l'eau sale, mais le gouvernement prévoit d'atteindre l'accès universel d'ici 2025.

En revanche, le gouvernement accorde relativement peu d'attention à l'assainissement ; il concentre ses efforts sur l'assainissement environnemental ou la gestion des déchets mais pas nécessairement sur la gestion des matières fécales.

Un bloc sanitaire presque achevé, construit par WaterAid au lycée de Salaga, dans la région nord du Ghana.

WaterAid/Nyani Quarmyne

Le nouveau bloc sanitaire de l'école secondaire supérieure de Salaga, photographié près de l'achèvement en novembre 2014.

L'innovation pour des avantages durables

Le projet pionnier de l'école secondaire de Salaga a montré que le changement est possible. De plus, des mesures ont été prises pour garantir la pérennité des avantages retirés.

Les membres de la communauté scolaire ont été formés au fonctionnement et à la gestion des installations. De même, un expert en énergie solaire et un technologue en biogaz ont expliqué comment l'énergie est dérivée du soleil et des déchets humains respectivement, et ont fait une démonstration pratique de la façon dont les systèmes produisent de l'énergie.

Le personnel de cuisine et les opérateurs système ont également été formés au fonctionnement et à l'entretien des cuisinières, une fois le système de biogaz mis en service.

WaterAid Ghana espère que le projet favorisera l'amélioration des services d'assainissement dans d'autres régions du Ghana et que les avantages du programme WASH à l'école profiteront à un plus grand nombre de communautés scolaires.

L'expérience retirée de ce projet permettra d'informer et de guider les interventions futures dans d'autres écoles communautaires. WaterAid Ghana entend réduire ou prévenir entièrement l'absentéisme chez les écolières en leur fournissant les installations nécessaires pour qu'elles restent à l'école, même pendant leurs menstruations.