Quel est le rapport entre l'eau et l'emploi ?
« Une meilleure eau, de meilleurs emplois », tel est le thème de la Journée mondiale de l'eau, organisée aujourd'hui par les Nations unies. Quel est donc le rapport entre l'eau et l'emploi ? Il est plus grand que vous ne le pensez, explique Dan Jones, coordinateur de WaterAid UK pour le plaidoyer.
Ce lien n'est peut-être pas le plus évident (dit-il tout en buvant de l'eau à son bureau pendant qu'il travaille), mais c'est un aspect que WaterAid accueille favorablement. La réalité est que l'eau, à de nombreux niveaux, est inséparable du travail et de l'emploi. Voici comment.
Évaluer le coût de l'eau
Nous lançons aujourd'hui un nouveau rapport, L'eau : À quel prix ? L'état de l'eau dans le monde 2016. Non seulement ce rapport fournit une image forte de l'état de l'eau dans le monde, mais il braque les projecteurs sur les 650 millions de personnes qui ne disposent toujours pas d'une source d'eau améliorée.
Il est difficile de quantifier ou de visualiser l'impact que cela peut avoir sur les femmes, les hommes et les enfants. Le prix que les communautés paient pour le manque d'eau potable (en termes de perte de revenus, de mauvaise santé et de perte de productivité) est extrêmement élevé et a un impact dévastateur, du niveau familial au niveau national.
Pour une personne pauvre qui n'a pas accès à l'eau potable à la maison, acheter le minimum de 50 litres par jour recommandé par l'Organisation mondiale de la santé peut représenter une charge énorme sur un maigre salaire.
À Antananarivo, à Madagascar, par exemple, un ouvrier d'usine doit dépenser 45 % de son salaire quotidien pour obtenir 50 litres d'eau d'un camion-citerne, sans garantie que l'eau soit potable. De nombreuses personnes n'ont d'autre choix que de compromettre leur santé et leur dignité en utilisant beaucoup moins d'eau ou en allant chercher de l'eau à des sources non sûres.
La productivité des entreprises est durement touchée par l'absentéisme du personnel, le taux de rotation élevé et la baisse de moral liés au manque d'accès à une eau propre et potable sur les lieux de travail. L'impact sur les emplois, les entreprises et les économies ne peut être sous-estimé.
Un manque de travailleurs dans le domaine de l'eau
Le manque de travailleurs qualifiés dans le domaine de l'eau illustre également le lien qui existe entre l'eau et les emplois. Selon l'ONU, près de la moitié des travailleurs dans le monde, soit 1,5 milliard de personnes, travaillent dans des secteurs liés à l'eau, et presque tous les emplois dépendent de l'eau et de ceux qui assurent sa distribution. Je me demande combien de travailleurs ont participé à l'approvisionnement du verre d'eau que je suis en train de boire.
Le rapport de WaterAid, Libérer les financements, souligne le rôle vital de ceux qui travaillent dans le secteur de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène en Afrique subsaharienne, et la manière dont les pénuries de travailleurs qualifiés freinent la progression vers un monde où tout le monde a accès à l'eau potable, comme promis dans les objectifs mondiaux de développement durable.
Basé sur des recherches menées en Éthiopie, au Mozambique, au Rwanda, en Afrique du Sud et en Ouganda, le rapport présente quelques-uns des nombreux défis auxquels les gouvernements locaux sont confrontés pour financer et fournir les services essentiels d'eau, d'assainissement et d'hygiène aux communautés locales.
Même si ces pays ont bien progressé en matière d'accès à l'eau et à l'assainissement, ils sont tous confrontés à une difficulté lorsqu'il s'agit de financer et de gérer les emplois clés du secteur. Les budgets consacrés aux dépenses d'investissement (robinets, latrines, canalisations et autres matériels) dépassent souvent de loin les budgets disponibles pour le recrutement, la formation et la fidélisation du personnel, même d'un personnel aussi essentiel que les ingénieurs qualifiés, les scientifiques de l'eau, les techniciens, les opérateurs d'usine et les inspecteurs sanitaires.
Il en résulte une forte rotation du personnel et des postes souvent non pourvus, en particulier dans les régions éloignées ou rurales.
De l'eau pour les lieux de travail et les communautés
Comme l'a souligné l'Overseas Development Institute, il est urgent de mettre en place plusieurs niveaux de collaboration pratique entre les secteurs privé et public pour relever ces défis.
C'est pourquoi WaterAid soutient aujourd'hui le lancement d'une nouvelle initiative, WASH4Work, qui vise à amplifier et à aligner le bon travail de nombreuses personnes pour améliorer le profil de l'eau et de l'assainissement sur le lieu de travail, dans les communautés où vivent les travailleurs et à travers les chaînes d'approvisionnement.
Cette campagne est la reconnaissance du fait que, bien qu'une dynamique se met en place pour garantir l'accès à l'eau et à l'assainissement dans les foyers, les écoles et, sous la direction de l'OMS et de l'UNICEF, les établissements de santé , une attention moindre a été accordée à la question de l'accès aux lieux de travail. Pourtant, pour les entreprises, garantir l'accès des travailleurs à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène peut s'avérer payant tout au long de la chaîne de valeur.
Si nous voulons atteindre l'objectif mondial de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène pour tous d'ici 2030, voire les objectifs mondiaux en matière de travail décent et de croissance économique, de santé pour tous, d'éducation de qualité ou d'égalité des sexes, il est temps de reconnaître qu'une meilleure eau pour tous les travailleurs est essentielle. Il est donc temps d'agir.