De nouvelles recherches pour favoriser l'accès universel à l'assainissement et à l'hygiène dans les villes de demain

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Gandy marketplace, where traders and farmers from Babati town and other nearby areas buy and sell everything from meat and vegetables to building materials, clothing and household items.
Image: WaterAid/Aditi Chandak - Gandy marketplace, where traders and farmers from Babati town and other nearby areas buy and sell everything from meat and vegetables to building materials, clothing and household items.

L'urbanisation rapide sans une expansion cohérente des services d'assainissement et d'hygiène est une préoccupation mondiale croissante. Dans le cadre des efforts de WaterAid pour garantir un accès universel et durable, nous cherchons constamment des moyens d'améliorer l'accès des communautés urbaines à l'eau potable et aux services d'assainissement. Timeyin Uwejamomere, responsable de l'appui technique urbain de WaterAid, et Aditi Chandak, conseillère en matière d'apprentissage et de connaissances, présentent un nouveau projet de recherche visant à guider la coproduction d'un plan d'assainissement et d'hygiène pour la ville de Babati en Tanzanie, soutenu par le consortium SHARE (Sanitation and Hygiene Applied Research for Equity).

WaterAid a reçu une subvention de recherche pour une étude visant à comprendre comment les approches collaboratives et consultatives peuvent aider à fournir des plans durables et inclusifs pour les petites villes. Le projet, intitulé « Achieving universal access to adequate, sustainable and equitable sanitation and hygiene services in the cities of tomorrow » (en français : Assurer l'accès universel à des services d'assainissement et d'hygiène adéquats, durables et équitables dans les villes de demain), sera financé par une subvention du Consortium SHARE (Sanitation and Hygiene Applied Research for Equity) et sera basé à Babati, en Tanzanie.

Il s'agira de combiner plusieurs méthodes, notamment l'analyse documentaire, les études de base, la recherche formative, l'analyse de l'économie politique, la planification participative et l'élaboration de scénarios pour comprendre le contexte de Babati. Les enseignements tirés devraient servir de guide dans la co-production d'un plan d'assainissement et d'hygiène pour permettre un accès universel à l'eau, l'assainissement et l'hygiène (WASH) dans la ville, et informer les politiques sectorielles plus larges pour un accès universel dans d'autres petites villes de Tanzanie. 

Une urbanisation rapide

En Tanzanie, les villes se développent à un rythme près de deux fois supérieur à la croissance démographique annuelle du pays. Plus de la moitié de la population urbaine tanzanienne n'a pas accès à des toilettes améliorées et le respect des bonnes pratiques d'hygiène est faible. Les établissements urbains non planifiés et densément peuplés qui ne disposent pas de services d'assainissement et d'hygiène adéquats présentent des risques sanitaires importants et ont des répercussions plus larges sur l'éducation, les moyens de subsistance, le bien-être et la dignité humaine. 

WaterAid s'est associée au Nelson Mandela - Université Africaine des Sciences et Technologies (NM-AUST), basé à Arusha, pour mener la recherche dans la ville de Babati, qui est le siège de la région de Manyara, et principalement agraire avec une population de 93 108 habitants (2012). Dans le sillage de l'urbanisation rapide de la Tanzanie, Babati est devenue une ville animée, où environ 3 % du budget annuel du Conseil est consacré au programme WASH.

Les services de Babati

Le mandat du service d'approvisionnement en eau et d'assainissement de Babati (BAWASA) est de fournir de l'eau et des services d'assainissement sur site (loi relative à l'eau n°12 de 2009 et son règlement de 2013) aux résidents de Babati. BAWASA et le Conseil municipal de Babati (CTB) collectent et éliminent les boues fécales des ménages : BAWASA couvre les services dans toute la ville principale, tandis que le CTB couvre les zones rurales mais transfère les services dans les zones périurbaines à BAWASA lorsqu'ils sont établis. L'unique camion utilisé par la CTB étant souvent en panne, les habitants doivent faire appel à des fournisseurs de services privés depuis Arusha, qui se trouve à deux heures de route.

Une enquête réalisée en 2014 a indiqué qu'environ 90 % des habitants de Babati disposent de toilettes domestiques. Parmi les ménages qui possèdent des toilettes, 42 % ont des latrines traditionnelles, 30 % des latrines améliorées ventilée et 18 % des latrines avec une fosse septiques. Babati est l'une des villes où la campagne nationale d'assainissement a été mise en œuvre. L'évaluation des écoles et des installations publiques a montré que les toilettes étaient de qualité variable, sans tenir compte de leur accessibilité, notamment pour les personnes en situation de handicap.

Un contexte source de défis

Les circonstances qui affectent les services d'assainissement et d'hygiène à Babati sont difficiles. Les problèmes à résoudre sont les suivants :

Gestion des boues fécales :

  • Types de toilettes et fosses de mauvaise qualité 
  • Faiblesse du système d'assainissement collectif pour la vidange des fosses et l'enlèvement et le traitement des boues fécales et des eaux usées, y compris la mise en décharge à ciel ouvert de ces deux éléments 
  • Système de transport par camion inefficace, géré par le secteur public pour la vidange des fosses et l'évacuation des boues fécales et des eaux usées, avec des interruptions du service en cas de panne des véhicules

Gestion des déchets solides :

  • Faiblesse du système collectif de collecte et de traitement des déchets solides, y compris l'élimination conjointe à ciel ouvert de tous les types de déchets dans une décharge non hygiénique 
  • Mauvaise gestion de l'incinérateur pour le traitement des déchets médicaux 
  • Installations médiocres et inadéquates dans les institutions et lieux publics, comme les marchés, hôpitaux, écoles
  • Faiblesse des structures administratives en lien avec le partenariat public-privé adopté dans la gestion des déchets solides

Assainissement, qualité et sécurité de l'eau :

  • Risque élevé de contamination des eaux souterraines, des eaux de surface et de l'eau potable par les fosses de toilettes et de contamination de l'eau du bassin du lac Babati, 
    qui se trouve à un niveau supérieur à certaines résidences de la ville. Un cimetière est également situé dans le bassin versant du lac, qui déborde pendant la saison des pluies.

La couverture de l'approvisionnement en eau des ménages est d'environ 45 %, et la capacité de production quotidienne ne répond pas à la demande. Celle des écoles a augmenté, et celles qui sont approvisionnées sont équipées de compteurs ; leurs factures d'eau étant payées régulièrement grâce aux contributions des parents.

Atelier de lancement et de mise en route du projet

Une série d'ateliers de lancement a été organisée par WaterAid du 25 avril au 6 mai 2016, à Arusha, Babati et Dar es Salaam, avec toutes les parties prenantes clés du projet, de la communauté et du pays. Il s'agissait notamment du conseil municipal de Babati, de BAWASA, de WaterAid, de représentants de la communauté, de NM-AIST, du ministère de l'Eau et de l'Irrigation, du ministère de la Santé et du bureau du Premier ministre - Administration régionale et locale, de bailleurs de fonds (Banque mondiale et KfW) et d'ONG. L'atelier a contribué à l'établissement d'une relation de travail avec les principaux partenaires et à l'élaboration d'un plan de recherche, d'outils et d'une stratégie d'analyse des données et des résultats attendus. Les ateliers ont également permis de dégager un consensus sur les rôles et les responsabilités, et de recueillir les réactions des parties prenantes.

Ce que cette recherche signifie pour WaterAid

WaterAid a déjà participé à des projets de planification urbaine favorable aux populations pauvres dans des petites villes en Inde et au Mozambique, mais le développement de ces plans a été confié à des consultants. Cependant, le projet Babati permet à WaterAid de travailler aux côtés d'une université de recherche et de faire partie intégrante du processus de développement du plan Babati.

Cette recherche contribuera d'abord à développer la mémoire institutionnelle et favorisera le partage de connaissances concernant la planification urbaine favorable aux populations pauvres. Elle permettra également de rassembler notre travail dans les zones urbaines à travers d'autres programmes nationaux, tout en mettant en place des scénarios de solutions et de services d'assainissement et d'hygiène visant à proposer des pistes vers un accès universel à un système EAH à Babati. Le projet sera composé de démonstrations sur la promotion de l'hygiène, la gestion des déchets solides et les approches entrepreneuriales en matière de gestion des boues fécales. 

Il s'agit d'un projet de recherche passionnant, qui nous aidera à comprendre comment les approches collaboratives et consultatives peuvent contribuer à l'élaboration de plans durables et inclusifs pour les petites villes.