SACOSAN VI : une véritable foire aux idées

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Image: WaterAid/DRIK/Habibul Haque

Progrès, défis et diversité : Avinash Kumar, directeur des programmes et des politiques chez WaterAid Inde, fait le point sur les discussions et les résultats de la 6e conférence sud-asiatique sur l'assainissement.

À l'intérieur du somptueux Bangabandhu International Convention Centre de Dhaka, au Bangladesh, l'atmosphère était plutôt chargée, à l'exception de quelques bâillements et siestes occasionnels. Il y avait des stands colorés et diverses organisations bénévoles qui se mettaient en avant ; il y avait des regards fugaces, des débats passionnés, des amitiés renouvelées et de nouvelles rencontres.

Au milieu de tout cela, SACOSAN-VI, qui s'est tenu du 11 au 13 janvier, a donné un coup de fouet à la nouvelle obsession nationale de l'Inde pour l'assainissement, dans le sillage de la Swachh Bharat Mission (SBM).

Bien que cela puisse sembler un peu étrange que WaterAid Inde ait eu besoin de se rendre à Dhaka pour donner un coup de pouce à notre mission nationale en cours, cela semblait tout à fait cohérent après avoir écouté un certain nombre de conversations. Le Dr Kamal Kar, fondateur de la fondation d'assainissement total porté (piloté) par la communauté (ATPC), a très bien décrit la situation : « Bien que l'Asie du Sud compte 38 % des défécateurs à l'air libre dans le monde, si on retire l'Inde, ce chiffre n'est plus que de 8 % ».

Le but initial de ce rassemblement de gouvernements, de groupes de réflexion, d'acteurs de la société civile et d'agences multilatérales et bilatérales était de créer une plateforme commune pour trouver des solutions communes à un problème commun par le biais d'engagements partagés. L'importance d'une telle rencontre récurrente au niveau de l'Asie du Sud depuis 2003 a été soulignée à maintes reprises.

Progrès de l'assainissement en Asie du Sud

Le bilan officiel de la première journée, présenté par les délégués des gouvernements d'Asie du Sud (qui comprennent l'Inde, le Bangladesh, le Népal, le Pakistan, le Sri Lanka, l'Afghanistan, le Bhoutan et les Maldives), a reconnu le long chemin que nous avons tous parcouru. Par exemple : le Bangladesh a atteint un statut attestant de la fin de la défécation à l'air libre (FDAL) avec un taux de 99 % depuis le premier SACOSAN (environ 28 % grâce aux latrines communautaires) ; en Afghanistan, seulement 20 % de la population défèque à l'air libre ; le Népal a déclaré que 35 des 75 districts sont FDAL, ce qui couvre environ 81 % de sa population ; et le Pakistan a rempli ses engagements en matière d'objectifs du millénaire pour le développement. Selon un intervenant, sur l'ensemble des progrès réalisés dans la région depuis le dernier SACOSAN, l'Inde a contribué à 66 % des progrès totaux.

La conférence a clairement mis en évidence la diversité des expériences et des défis de chaque pays : L'Inde a une population de 1,3 milliard d'habitants (dont près de la moitié défèque en plein air) alors que les Maldives ont une population de 350 000 habitants ; tandis que le « changement des comportements » est le concept à la mode en Inde, le Bangladesh, où la plupart des gens utilisent des toilettes, est confronté à un problème de deuxième génération en matière de gestion des boues de vidange ; et le Sri Lanka et le Bhoutan s'efforcent de toucher des populations vivant sur des terrains difficiles et isolés. Des événements parallèles ont donc été organisés sur des thèmes variés tels que la technologie, le financement, les approches communautaires, l'hygiène, l'assainissement urbain et le changement climatique.

Expériences en Inde

WaterAid Inde était représenté par Nitya Jacob, responsable des politiques, qui a présenté les efforts de l'organisation pour créer une conversation publique sur l'hygiène menstruelle grâce à ses affiches innovantes. Binu Arickal, directeur régional pour l'Ouest, a quant à lui parlé des défis liés à l'utilisation des méthodes CLTS (assainissement total piloté par la communauté) pour mobiliser les communautés dans les États de Madhya Pradesh et Chhattisgarh. Il y avait une tension palpable autour des différences entre les communiqués officiels dans la déclaration des gouvernements sur leurs engagements communs jusqu'au prochain SACOSAN et la pléthore de marqueurs rouges et orange dans le document Traffic Light dirigé par la société civile sur le dernier cycle d'engagements (disponible sur le site Web de  WASHwatch). Il semblait y avoir des contradictions entre les accomplissements répertoriés dans les documents officiels des pays et les comptes rendus de la session, au cours de laquelle des personnes âgées, des personnes handicapées, des femmes et des adolescents ont partagé leurs dures expériences de lutte pour accéder aux services d'assainissement avec dignité. Mais le lien commun qui unissait de nombreux participants issus du gouvernement, de la société civile et des groupes de réflexion était le fait qu'il y avait des défenseurs des deux côtés, l'État et la société civile, l'un travaillant dur pour faire fonctionner le système, l'autre pour mobiliser les communautés dans des circonstances diverses.

Comme on pouvait s'y attendre, la diversité régionale était notable au sein même de l'Inde ; l'événement parallèle centré sur l'Inde et consacré à la mission Swachh Bharat (SBM) l'a bien souligné. M. Geetha, directeur de la mission SBM de l'État, a expliqué comment l'État de Chhattisgarh a été pionnier dans la transmission de ses aides aux personnes pauvres par le biais des comités villageois pour l'eau et l'assainissement, et a appelé les individus « propriétaires » ou « maaliks » au lieu du terme « hitgrahi » utilisé par les sarkaris pour désigner les bénéficiaires. Un représentant du Pendjab a fait part du problème unique mais de plus en plus courant de son État, qui consiste à fournir des services d'assainissement à 30-40 lakh travailleurs migrants. Le collecteur du district de North 24 Parganas au Bengale-occidental, Manmeet Kaur Nanda, a expliqué comment 1,1 million de toilettes ont été construites dans la région en un an (sur les 8,8 millions qui auraient été construites dans tout le pays) en utilisant diverses techniques de mobilisation communautaire. Nous avons également entendu K. Vasuki, directrice exécutive de la mission Sachitwa du Kerala, parler des défis de deuxième génération en matière de gestion des déchets solides et liquides, et parler avec passion de la campagne qu'elle mène dans l'État, en commençant par son propre exemple de compostage à domicile.

Engagements à venir

À la fin de la conférence, un examen perspicace du passé, du présent et de l'avenir de SACOSAN a été présenté par le vénérable Ravi Narayanan du Forum de l'eau Asie-Pacifique, qui a souligné le double avantage des engagements officiels et du « marché des idées » qu'offre l'événement. Son observation selon laquelle le fossé entre le gouvernement et le secteur non gouvernemental semblait disparaître était évidente dans les conversations du groupe WhatsApp des délégués indiens, dans lequel les membres ont commencé à planifier un « IndoSan » très ambitieux avant même d'être dans leur vol de retour.

On peut espérer que le fossé entre les gouvernements et les OSC se réduira progressivement en ce qui concerne le suivi des progrès accomplis, la principale préoccupation non résolue du SACOSAN. Une nouvelle série d'engagements avait été soumise dans la déclaration de Dhaka en 2016. À ce jour, il n'existe pas de dispositif de suivi convenu pour cette déclaration, qui permettrait de demander des comptes aux gouvernements. La déclaration de Dhaka stipule la création d'un « secrétariat SACOSAN fonctionnel et dynamique au Sri Lanka d'ici 2018 », ce qui, espérons-le, augmentera la capacité de suivi des gouvernements. Il sera essentiel d'établir des rapports sur les engagements pris dans le cadre de SACOSAN VI pour faire avancer les choses et atteindre à terme tous les habitants de la planète d'ici 2030.

Avinash Kumar tweete en tant que @Avinashkoomar