Accélérer les progrès : comment mettre fin ensemble à la crise de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène
Des services d'eau, d'assainissement et d'hygiène (EAH) sûrs et durables sont essentiels à l'amélioration de la santé, à la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes, au développement économique et au renforcement de la résilience face au changement climatique. Au cours des 20 dernières années, nous avons constaté que de réels progrès sont possibles lorsque l'eau, l'assainissement et l'hygiène sont considérés comme une priorité dans le développement national. Cependant, les progrès sont encore trop inégaux et trop lents. À mi-chemin de l'échéance des Objectifs de développement durable (ODD), Amaka Godfrey présente les recommandations politiques de WaterAid, appelant les gouvernements, les partenaires de développement et le secteur privé à accélérer les progrès vers l'ODD 6 avec une urgence renouvelée.
Les services et les comportements en matière d'EAH sont essentiels pour tous et pour la résilience de nos sociétés. Ils sont indispensables à la santé et à la dignité des personnes et essentiels au développement économique. Ces services jouent un rôle essentiel dans la résolution de certains des plus grands défis actuels, notamment l'éradication de la pauvreté, la lutte contre les inégalités entre hommes et femmes, le renforcement de la résilience face au changement climatique et la préparation et le rétablissement en cas de pandémie. Pourtant, pour des milliards de personnes, ces droits de l'homme ne sont pas respectés, ce qui les empêche d'adopter des comportements essentiels en matière d'hygiène, tels que le lavage des mains avec du savon à des moments critiques.
En 2015, les États membres de l'ONU se sont engagés à mettre fin à l'extrême pauvreté et à parvenir à un développement durable d'ici 2030 à travers 17 ODD. À quelques années encore de l'échéance, des progrès importants ont été accomplis en ce qui concerne l'ODD 6 - l'eau et l'assainissement pour tous - mais ils restent d'une lenteur et d'une inégalité inacceptables. C'est particulièrement vrai des personnes et des communautés qui vivent dans la pauvreté et qui sont confrontées à des vulnérabilités dans les pays les moins avancés. Par exemple, au rythme actuel des progrès réalisés en Afrique subsaharienne, seulement 37 % de la population disposera d'une eau gérée en toute sécurité d'ici à 2030. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
Il est urgent d'établir des priorités et d'investir
Si les progrès en matière d'accès à l'EAH ne s'accélèrent pas, les pays risquent de perdre tous les acquis au profit de fréquentes épidémies, d'une moindre sécurité de l'eau et des effets du changement climatique.
Mais si l'investissement dans des services EAH durables est prioritaire, les gouvernements et les pays auront beaucoup à y gagner. Au niveau mondial, l'investissement dans l'accès universel à l'eau potable peut rapporter jusqu'à 32 milliards de dollars par an, dans l'assainissement universel géré en toute sécurité 86 milliards de dollars et dans l'hygiène universelle de base 45 milliards de dollars. Ces investissements pourraient permettre d'éviter les millions de décès causés par l'eau non potable et de sauver les 77 millions de jours que les filles et les femmes passent à marcher sur de longues distances pour aller chercher de l'eau.
Des progrès sont possibles lorsque les gouvernements nationaux accordent la priorité à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène dans le développement
Au cours des 20 dernières années, nous avons constaté que de réels progrès sont possibles lorsque l'eau, l'assainissement et l'hygiène sont considérés comme une priorité dans le développement national. Par exemple, entre 2000 et 2020, la couverture en assainissement en Inde est passée de 15 % à 71 %, et la couverture en eau potable au Nigeria est passée de 43 % à 73 %.
Des progrès rapides sont possibles lorsque les politiques et les programmes EAH bénéficient de l'engagement et du leadership des gouvernements nationaux, ainsi que du financement public nécessaire. Le soutien des partenaires de développement et du secteur privé peut encore accélérer les progrès.
Notre guide pour accélérer les progrès dans le domaine de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène
Notre nouveau document d'orientation destiné aux gouvernements et ministres des pays en développement, aux responsables politiques, aux décideurs, aux partenaires du développement et au secteur privé sert de guide pour accélérer les progrès vers un approvisionnement en eau, assainissement et hygiène durable et sûr pour tous.
Dans le document Ending the water, sanitation and hygiene crisis together : policy priorities for accelerating progress, nous soulignons les obstacles qui empêchent l'accélération des progrès, notamment l'insuffisance des priorités politiques, les faibles niveaux de financement, les inégalités entre les sexes et l'exclusion sociale, ainsi que la mauvaise intégration de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène, des ressources en eau et du changement climatique. Nous détaillons huit recommandations politiques clés correspondantes, adaptables aux contextes nationaux, qui permettront aux gouvernements de réaliser les progrès nécessaires vers un approvisionnement EAH durable et sûr pour tous, partout.
En bref, nos recommandations sont les suivantes :
- Faire de la question de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène (EAH) une priorité nationale de premier plan, sous l'égide du gouvernement au plus haut niveau.
- Mettre en place des dispositifs institutionnels clairs en matière d'eau, d'assainissement et d'hygiène.
- Augmenter le budget alloué aux initiatives EAH et l'efficacité du secteur.
- Placer l'égalité des sexes et l'inclusion sociale au cœur du programme EAH.
- Intégrer les problématiques EAH dans les politiques et les programmes de santé afin d'améliorer la santé publique.
- Promouvoir l'accès à l'eau, à l'assainissement et l'hygiène (EAH) en tant que service.
- Accorder la priorité et les ressources nécessaires aux problématiques EAH et à la sécurité de l'eau pour renforcer la résilience au changement climatique à tous les niveaux.
- Mettre en place des mécanismes de redevabilité et une réglementation solides.
Parallèlement à ces recommandations, nous donnons des exemples d'actions immédiates potentielles pour les gouvernements et les autres parties prenantes.
Les partenaires de développement sont importants pour soutenir les progrès en matière de services EAH
Si les gouvernements sont les principaux moteurs du progrès, les bailleurs de fonds bilatéraux, les agences multilatérales, le secteur privé, les ONG internationales, la société civile et le monde universitaire sont tous des acteurs clés de cette évolution vers l'eau, l'assainissement et l'hygiène pour tous.
Dans notre document, nous décomposons les actions que les pays donateurs peuvent entreprendre, au cœur desquelles se trouvent l'augmentation du volume et de l'efficacité de l'aide publique au développement, la réduction de la fragmentation et des coûts de transaction.
Il est temps d'agir sur le programme EAH
De nombreuses raisons expliquent la lenteur des progrès dans le domaine de l'EAH, et les défis auxquels les gouvernements sont confrontés sont à nuancer et sont propres à chaque pays. Cependant, c'est maintenant qu'il faut agir. La prochaine décennie sera celle d'une augmentation continue des populations et d'un exode rural. Le changement climatique, l'instabilité politique, les épidémies et les ralentissements économiques constituent de graves menaces pour la santé, la sécurité de l'eau, la sécurité alimentaire, les économies, l'égalité entre les hommes et les femmes et le développement social. L'accès sûr et durable à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène seront essentiels pour permettre aux populations de renforcer sa résilience face à ces multiples défis.
Si vous êtes un ministre, un responsable politique ou un décideur au niveau national ou infranational - ou un partenaire de développement intéressé par le secteur EAH et qui travaille avec les gouvernements pour fournir des services durables et sûrs - ce document est fait pour vous.
Lire notre document de politique générale
Amaka Godfrey est directrice de la politique mondiale et de la recherche chez WaterAid.
Image du haut : Bintu Nasiru, 50 ans, transportant l'eau qu'elle a recueillie. Communauté de Kissa, village de Kwaja, Adamawa, Nigeria. Février 2021.